mardi 19 août 2008

Témoignage : Naira Zanebidze, 49 ans, Satskheneti, Gori (Village)

" Nous sommes arrivés à Tbilisi il y a trois jours (le 10 août 2008). Nos villages étaient bombardés par des avions. Nous ne pouvions pas sortir de nos maisons. Quand on a annoncé l'ouverture d'un corridor de paix, nous sommes partis chacun de notre côté. Nous sommes partis à pieds jusqu'à Erdevi. Aussi longtemps que le "corridor de paix" était ouvert, il n'y avait pas de tirs. Donc, moi, mon mari, et les jeunes, nous nous sommes échappés du village. Seules les personnes âgées n'ont pas quitté notre village Satskheneti. A peu près, quinze personnes y sont restés.

Notre maison n'a pas été détruite. Seules les fenêtres étaient cassée, comme une bombe était tombée très près de la maison. Et dans tout le village, pas seulement près de ma maison ! Nous avions un véhicule, et c'est à quinze que nous sommes partis dans ce véhicule. Je n'ai pas vu de soldats, mais on a entendu qu'ils étaient dans la forêt. Les avions nous survolaient et nous bombardaient. Deux heures après que nous avions abandonnés nos maisons, les forces militaires sont arrivées. S'il n'y avaient pas eu ces avions nous serions restés chez nous ! Nous avions l'habitudes des tirs, il y avait des ossétiens établis aux alentours. Nous restions chez nous aussi longtemps que nous pouvions survivre. Nous avions seulement deux heures de chance pour nous échapper et rester en vie.

Mon mari et moi, nous nous en faisions pas trop du bruit des avions au-dessus de nos maisons. Mais après, il eu un son comme quelque quelque chose qui s'approchait et venait directement sur nous. Nous avons d'abord cru à un son d'un tir. Mais quand il y a eu l'explosion, nous sommes rendus compte qu'il s'agissait d'une vraie bombe. Il n'y avait même pas un soldat pour nous protéger. Nous étions laissés à nous-mêmes. seuls à écouter les bombes exploser ! Cette nuit là, nous nous sommes réunis entre voisins et avons passés la nuit ensemble. (Le lendemain) nous avons pris nos voitures et nous sommes rendus à Tbilisi. Il nous a fallu près de quatre heures pour y arriver.

Nous sommes allés directement à la cité administrative. On s'est occupé de nous et nous a logés dans un hotel. Si nous n'avions pas pu nous rendre à la cité, nous serions toujours sans toit.

Nous avons tous les nerfs à vif. Nous entendons des nouvelles que nos maisons sont dévalisées, que nos maisons sont détruites ! Un garçon, échappé d'un village voisin, nous a dit que des "gardiens de la paix" (militaires russes assignés à cette tâche, ndt.) ont vidés le contenu de nos maisons et les ont mis dans de grands camions et puis a,vec des explosifs, ont fait sautés et brulés nos maisons ! Nous avons des témoignages directs que plusieurs de nos voisins ont été tués.

Nous sommes en état de choc et ne nous ne sommes pas capables nous contrôler nous-mêmes. "


Naira Zanebidze, de Satskheneti, réfugiée à Tbilisi


Interview de Maka Eridze, citoyenne correspondante / 15 août 2008
Diana Chachua (Tbilisi), traduit en français par Jean Boris Urban

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